samedi 19 avril 2008

Los Alamos, encore

Je suis resté chez Mélissa quelques jours.

Un soir, elle m'a dit qu'elle quittait pour l'Europe, très bientôt. Une question de jours. Je lui ai menti en lui disant que j'avais les mêmes plans. Mais je vais partir avec elle, elle s'en va à Barcelone d'abord. Qui sait si on passera du temps ensemble là-bas.

J'ai lu Le Horla, de Maupassant, c'était un livre qu'elle avait dans sa bibliothèque. J'en ai appris sur mon nom. Apparemment, "Joseph" voudrait dire, entre autres, un homme incapable de mener à terme une conquête. Il fut un temps, si je puis dire, où cette description m'allait très bien. Plus maintenant, évidemment. Mélissa en est la preuve. D'ailleurs elle me fait assez confiance pour me laisser seul chez elle pendant qu'elle sort faire des commissions. Faut croire qu'elle est une mauvaise juge de caractère!

Le dernier texte du Horla parle d'un vagabond qui préfère la prison à l'errance et la mendicité. Crois-moi, vagabond, moi je préfère l'errance.

En espérant que la prochaine fois que je vous écris, c'est de l'autre coté de l'Atlantique. Barcelone. Putain, je parle pas un mot d'espagnol.

mardi 15 avril 2008

Los Alamos, New Mexico

ça fait deux jours que je n'ai pas dormi.

Je vous donne des nouvelles rapidement. J'ai rencontré, finalement, une francophone à New Mexico, à qui appartient d'ailleurs l'ordinateur sur lequel j'écris. Je suis en fait à la bibliothèque de l'Université du Nouveau Mexique à Los Alamos, et parmi une présence généralement hispanophone, j'ai trouvé cette fille, Mélissa, avec qui je me suis bien entendu.

Elle est ici pour une sorte de programme à la fois au caractère social et économique...genre essayer d'exporter en France le rapport plutôt harmonieux entre mexicains et américains dans cet État, en l'adaptant à la sauce arabe/français...bonne chance ma fille. En tous cas, c'est ce que j'ai compris.

On s'est parlé, je crois que je l'ai charmée un peu parce qu'elle m'a laissé avec son ordinateur pendant qu'elle est allée au toilette. Avant de partir, elle m'a demandé où je dormais ce soir, et c'est probablement chez elle. Une petite soirée après ça je quitte, je crois bien, je m'emmerde assez dans le sud des États...c'est pas ce qui a de plus stimulant.

De toute façon, je commence à douter que je trouve ce que je cherche ici...j'ai un contact en Europe, je vais probablement m'y rendre bientôt.

Je vous redonne des nouvelles plus tard. Melissa arrive.

dimanche 13 avril 2008

Sonora, Texas

Ça fait seulement quelques jours que je me retrouve ici, mais je ne me sens pas à l'aise, déjà. Le réceptionniste à l'auberge, lorsqu'il ne renifle pas les bras croisés, me regarde avec un air sévère, paranoïaque, lorsque je consulte mes courriels.

"You're not speaking to your terrorist friends are you, Osama?"

En d'autres temps je l'enverrai chier, mais je n'ai pas beaucoup de temps sur cet ordinateur, et la connexion coûte ridiculement cher: 1$ la minute, l'ordinateur est d'une lenteur inimaginable et je dois me forcer pour m'adapter au clavier anglais...perfectionniste que je suis, je ne neglige aucun accent...

Dehors le soleil brûle et je n'ai pas le temps de tout vous raconter ici, maintenant.

"Time's almost up, sand nigger!"

Ce que je cherche ne se retrouve pas ici, à Sonora, au Texas. Mes bagages sont faits, j'ai la clé en main, il faut juste que j'aille la rendre à ce connard et je reprends la route, à faire le pouce, à magouiller ici et là pour pouvoir me rendre à la prochaine destination.

"Time's up, Saddam!"

Ouais, ouais, va chier...